Selon les prévisions de la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne devrait enregistrer les taux de croissance économique les plus élevés au niveau du continent.
Ainsi, sur les dix pays devant enregistrer des taux de croissance supérieurs à 6% aussi en 2025 qu’en 2026, neuf d’entre eux se situent au niveau de cette région dont la croissance «devrait se consolider pour atteindre 4,1% en 2025, puis 4,3% en 2026, sur fond de reflux de l’inflation et d’assouplissement des conditions financières», selon la Banque mondiale.
Il s’agit de légères révisions à la hausse des projections de 2025 (+0,2) et 2026 (+0,3).
Parmi ces pays, deux pays, la Mauritanie et le Rwanda, devront afficher des taux de croissance supérieurs à 7% aussi bien en 2025 qu’en 2026 avec des projections tablant sur 7,8% en 2025 et 7,5% en 2026 pour chaque pays.
Si le Rwanda est habitué à ces performances grâce à une économique dynamique tirée surtout par les services et l’agriculture, pour la Mauritanie, cette performance s’explique en très grande partie par les impacts du début de l’exploitation de nouvelles ressources, notamment le gaz avec le démarrage du gisement Grand Tortue Ahmeyim (GTA) que le pays partage avec le Sénégal qui devrait afficher des taux de croissance de 9,7% en 2025 et 6,0% en 2026, selon les projections de la Banque mondiale.
Dans ces deux économies, c’est l’effet ressources naturelles qui devrait booster la croissance. En plus, le pays bénéficie du bon comportement de son minerai de fer (un record de production enregistré en 2024) et de l’or dont le cours dépasse actuellement les 2.700 dollars l’once.
Au Sénégal, en plus du gaz de GTA, le pays est devenu producteur de pétrole depuis juin 2024. Ces ressources nouvelles devraient impacter positivement les économies des deux pays, si bien évidemment elles sont bien gérées et investies dans des secteurs vitaux dont la formation des ressources humaines de qualité, les infrastructures (centrales électriques, routes,…), la modernisation du secteur agricole, élevage compris
Idem pour l’Ouganda qui devrait afficher un taux de croissance de 10,8% en 2026, le plus élevé du continent, après une progression attendue de son PIB de 6,2% en 2025.
Là aussi, c’est l’effet des hydrocarbures qui va booster la croissance économique de ce pays d’Afrique de l’Est. Les premiers barils de pétrole de ce pays, dont les réserves sont estimées à au moins 1,4 milliard de barils, sont attendus cette année grâce à deux gisements dont le brut sera en partie acheminée via l’oléoduc Est-Africain jusqu’en Tanzanie où il sera exporté, une partie sera raffinée en Ouganda et une partie exportée vers les pays voisins.
Outre ces pays anciens et nouveaux pétroliers et gaziers, la croissance sera aussi soutenue par le secteur pétrolier et surtout minier en Côte d’Ivoire.
Ce pays qui a bâti son économie sur le secteur agricole en étant actuellement le premier producteur de cacao et d’anacarde au monde, se diversifie depuis quelques années.
Après les découvertes de gaz et de pétrole, l’économie ivoirienne a mis le cap sur ses ressources minières importantes, notamment l’or. Le pays pourrait très prochainement figurer dans le Top 5 des plus grands producteurs d’or africains après le lancement de plusieurs mines aurifères de grande valeur.
Ces nouvelles ressources viennent s’ajouter à celles du manganèse, du diamant, du lithium… et continuent de booster la croissance économique du pays avec des taux de croissance attendus de 6,4% en 2025 et 6,6% en 2026.
Même scénario pour la Zambie dont les taux de croissance de 6,2% et 6,6% seront essentiellement soutenus par le secteur minier notamment le cuivre, le tourisme, l’agriculture,…
Parmi les pays qui continuent d’afficher des taux de croissance élevés figure l’Éthiopie. Après avoir enregistré une croissance de son PIB de 6,1% en 2024, le pays s’attend à 6,5% en 2025 et 7,1% en 2026, renouant avec son dynamisme d’antan qui a été stoppé par le Covid-19 et surtout par la guerre au Tigré.
Le pays s’appuie sur son agriculture (café, fleurs, céréales….), son industrie naissante grâce aux nombreuses délocalisations d’entreprises chinoises, à son secteur dynamique des services (transport, tourisme…) et à sa population de plus de 120 millions de consommateurs.
À cela il faut ajouter que ces prévisions pourraient être perturbées par plusieurs facteurs. D’abord, il y a l’effet d’incertitudes qui entoure la croissance mondiale dans un contexte qui risque d’être marqué par des guerres commerciales si le nouveau président américain met à exécution ses menaces de taxer durement les importations du reste du monde, notamment de la Chine et d’Europe. Ce qui ne manquera pas d’avoir des répercussions sur les exportations africaines.
Ensuite, les conflits violents et l’insécurité grandissante en Afrique subsaharienne vont influer de manière négative sur la croissance de nombreux pays qui vont consacrer une partie de leurs ressources déjà limitées à l’achat d’armes au lieu d’investir dans des secteurs productifs et vitaux.
En outre, le changement climatique (sécheresse, inondation, cyclones,…) continuera à malmener les économies africaines. Par ailleurs, le poids des services de la dette va peser lourdement sur les budgets de très nombreux pays de la région.
Enfin, l’aggravation de la situation géopolitique au Moyen-Orient et en Ukraine pourrait à nouveau perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales et se traduire par un nouveau spectre inflationniste qui touchera particulièrement les produits alimentaires.
De tout ce qui précède, on retient que l’Afrique Subsaharienne s’en sort mieux avec des pays qui affichent des taux de croissance élevés selon les prévisions de la Banque Mondiale.