L’armée française, autrefois symbole de la puissance coloniale en Afrique de l’Ouest, continue de perdre pied sur le continent. Après avoir été contrainte de plier bagage au Mali en 2022 suite à une rupture diplomatique majeure, puis au Burkina Faso début 2023 où les autorités de transition ont dénoncé les accords de défense, et enfin au Niger où le régime militaire a exigé son départ fin 2023, la France fait désormais face à un nouveau revers au Sénégal. Le pays, considéré pendant des décennies comme l’allié le plus fidèle de Paris dans la région, tourne à son tour la page de la présence militaire française.
Une nouvelle vague de licenciements qui frappe les familles sénégalaises
Le général de brigade Yves Aunis, à la tête des Éléments Français au Sénégal (EFS), a officiellement notifié à l’inspection du travail le licenciement programmé de tout le personnel sénégalais. La date butoir est fixée au 1er juillet 2025, touchant directement 162 employés sous contrat à durée indéterminée sans parler des entreprises sous-traitantes.
Un départ qui marque la fin d’une époque
La décision de mettre fin à la présence militaire française émane du président Bassirou Diomaye Faye, arrivé au pouvoir en 2024. Cette rupture historique illustre la volonté du nouveau dirigeant de redéfinir les relations avec l’ancienne puissance coloniale. Le commandement français tente de rassurer en promettant le respect du droit du travail sénégalais et des « conditions de départ bonnes », mais l’inquiétude persiste parmi les employés. Dans sa lettre à l’inspection du travail, le général Aunis évoque une « situation de force majeure », terme qui traduit l’ampleur du bouleversement en cours.
La fin programmée de la présence militaire française au Sénégal marque un tournant décisif dans les relations franco-africaines. Pour les autorités sénégalaises, il ne s’agit pas simplement d’un changement administratif mais d’une affirmation de souveraineté nationale. Cette décision transforme profondément le paysage géopolitique ouest-africain, où la France perd progressivement ses points d’ancrage traditionnels. Les employés sénégalais des bases militaires françaises se retrouvent, malgré eux, au cœur de cette transformation historique qui redessine les équilibres régionaux.