Entretien avec Marie -José Lallart, Présidente de l’association « Les maillons de l’espoir », ancienne fonctionnaire internationale à l’UNESCO

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« Je n’ai aucune prétention de faire changer la donne mais je voudrais tellement que les adultes respectent les enfants… »

Dans une interview accordée au magazine international l’Actualité, Marie -José Lallart, Présidente de l’association « Les maillons de l’espoir », ancienne fonctionnaire internationale à l’UNESCO, en charge du projet « espérance et solidarité autour d’un ballon » pour l’alphabétisation des enfants vulnérables a levé le voile sur les actions qu’elle mène depuis des années pour défendre la dignité de personne humaine en général et pour la protection des enfants vulnérables en particulier.

Au cours de ce grand oral, a-t-elle martelé que son engagement pour la protection et la défense des enfants n’est pas à marchander et ne faiblira pas. Plus important, a-t-elle invité les adultes à se réunir quels que soit leur pays, leur croyance ou leur profession afin de prévoir des lois pour protéger les enfants vulnérables, et mettre en application la déclaration des droits de l’enfant car tous les pays ont ratifié cette déclaration.

Ci-dessous, l’intégralité de cet entretien :

Veuillez bien vous présenter à nos lecteurs

Je suis Marie José Lallart, Présidente de l’association « Les maillons de l’espoir », ancienne fonctionnaire internationale à l’UNESCO, en charge du projet « espérance et solidarité autour d’un ballon » pour l’alphabétisation des enfants vulnérables. Ainsi, j’ai ainsi pu permettre à des centaines d’enfants d’accéder à l’école dans une quarantaine de pays. J’ai utilisé les activités sportives comme premier vecteur pour leur permettre d’apprendre à lire, compter et écrire. C’est ainsi que des champions du monde sont venus en mission avec moi pour les encourager et leur redonner espoir. A ce titre, je peux citer : Marie José Pérec au Rwanda après le génocide, Emmanuel Petit à Madagascar avec Stéphane Diagana et d’autres pour développer un projet d’éducation non formelle (la méthode assama) Mahyar Monshipour (en Iran) Richard Dacoury (Haïti) Pascal Gentil (Burundi pour le marathon de la paix) et beaucoup d’autres. Maintenant, à la retraite, je suis présidente de l’association Les Maillons de l’espoir avec Sidney Govou comme parrain.

Pourquoi la voix de l’ombre bien au-delà de la poésie ?

Ces textes poétiques ou en prose sont des témoignages de la souffrance que j’ai pu ressentir en côtoyant ces enfants de la rue, je les rencontrais dans les cimetières où ils dorment pour ne pas subir les violences des adultes ou dans les terrains vagues ou encore dans les arbres, etc. 

Je tiens à préciser que la musique a aussi beaucoup d’importance car l’illustratrice Odile Pinto Corbin et moi chantons dans la même chorale. D’ailleurs, les voix et le silence ont beaucoup d’importance pour moi ; pouvoir crier d’une voix forte ou silencieuse l’injustice et le mépris et l’indifférence pour ces enfants est supportable.

En quoi consiste votre combat de donner le droit à l’éducation notamment aux enfants vulnérables ?

Je suis restée 28 ans à l’agence des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (unesco) avec un programme d’alphabétisation des enfants de la rue. Il faut préciser que les enfants de la rue ne sont très souvent pas inscrits au registre d’état civil et donc ne possèdent pas de citoyenneté. Dans ce contexte, ils ne peuvent pas rentrer dans les statistiques officielles. Lorsque je les ai rencontrés revêtus en haillons, les pieds nus, déambulant en horde dans les rues de Kinshasa, j’ai décidé de leur donner ma priorité d’action. En effet, sans apprendre l’éducation de base, ils ne pourront pas avoir une activité rémunérée à l’âge adulte car il faut naturellement savoir compter, lire les factures, par exemple, afin de ne pas « se faire avoir ». 

Puis, dans le cadre de l’ONG que je préside Les maillons de l’espoir nous finançons la scolarité et la formation professionnelle pour les filles survivantes de violence sexuelle comme arme de guerre en RDC à Bukavu car, bien souvent, elles ont été mises en esclavage sexuelle pendant de nombreuses années ; après l’opération par le docteur Mukwege, l’homme qui répare les femmes, et après la période de convalescence, elles restent quelque temps dans la maison dorcas avant de retourner au village et dans leur famille. Il est important qu’elles soient autonomes financièrement afin d’être respectées.

Nous soutenons également les enfants atteints d’albinisme au Burundi avec l’éducation, les activités sportives, notamment l’organisation de tournois de football, grâce à Dominique sur place, avec les enfants de la rue, les enfants malnutris et les enfants des clubs de sport. Également, à Cotonou, un foyer qui accueille les enfants de la rue.

Pourquoi avez-vous porté votre choix sur cette catégorie d’enfants ?

Je suis une guerrière (d’ailleurs je suis une agodjié (amazone du royaume du Dahomey) et je ne supporte pas les injustices humaines. J’aime les enfants et je tiens à les protéger et les défendre et le fait que, dans beaucoup de pays ils sont appelés d’une façon très humiliante atteint mon âme et mon cœur (les cailloux du marché au Togo ; les shégués ; l’homme qui passe en RDC ; les 4 misères à Madagascar, etc……….) les défendre contre les préjugés : enfants dit sorciers, les défendre contre les adultes qui les pense comme des voyous, voleurs, etc……. alors qu’ils m’ont souvent protégés lorsqu’un danger arrivait……..c’est intolérable et l’éducation peut les aider.

Comment ce livre pourrait changer la donne dans un monde où de plus en plus d’enfants sont victimes de conflits sociaux et de guerres et aux femmes victimes de violences sexuelles ?

Je n’ai aucune prétention de faire changer la donne mais je voudrais tellement que les adultes respectent les enfants, les aime et leur donne le droit à l’existence digne et protégée ; il faut bien dire que pendant et après les conflits sociaux et les guerres se sont les femmes et les enfants qui souffrent le plus et qui restent meurtris à vie ; 

Il faut prévoir d’emblée une protection spéciale ; des lois et des lieux de protection

Mon livre précédent « les enfants invisibles » chez actes Sud était un témoignage sur la vie de ces enfants.

Avez-vous un appel à lancer 

J’aimerais que les adultes se réunissent quelque soit leur pays, leur croyance ou leur profession afin de prévoir des lois pour protéger les enfants vulnérables, et mettre en application la déclaration des droits de l’enfant car tous les pays ont ratifié cette déclaration.

D’éduquer aussi les adultes et les autorités des pays pour que ces enfants qui sont considérés comme des bombes à retardement, deviennent des adultes heureux et fiers dans leur dignité et donc soient protégés. 

Enfin, que les filles soient respectées et que l’on cesse le génocide silencieux qui ronge les plus fragiles et les font mourir de honte et de douleurs.

Votre mot de fin 

Notre vie est la même vie que celle d’autres vies dans le monde ; notre finalité est donc de maintenir cette vie au cœur du bien être des autres, nos semblables

Marie josé Lallart

chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur

ex-fonctionnaire internationale à l’UNESCO

Présidente de l’association « les maillons de l’espoir »

site web : www.lesmaillonsdelespoir.org

https://www.helloasso.com/associations/les-maillons-de-l-espoir/collectes/des-puits-pour-les-pygmees-au-burundi

https://www.helloasso.com/associations/les-maillons-de-l-espoir/collectes/insertion-des-filles-et-des-femmes-rescapees-du-viol-a-bukavu-rdc

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