Author: Chen Ziqi, journalist with CGTN

2025 s’annonce comme une année charnière pour le cinéma : 130e anniversaire de l’invention du cinéma, 120 ans de cinéma chinois et 15 ans depuis la création du Festival international du film de Pékin (BJIFF).
Cette année, le BJIFF se déroulera du 18 au 26 avril à Pékin, et son prestigieux prix Tiantan occupera le devant de la scène. Ce prix confirme sa mission de célébrer la diversité cinématographique et de mettre en lumière les films les plus innovants et les plus influents de l’année. Au total, 15 films ont été retenus pour la sélection finale, dont 12 représentent le cinéma international. Ils ont été sélectionnés parmi 1 794 longs métrages soumis dans 103 pays et régions. Notamment, 90 % d’entre eux étaient des films internationaux.
L’un des principaux candidats de cette année est Nawi : Dear Future Me, une coproduction entre le Kenya et l’Allemagne qui se déroule dans le vaste comté rural de Turkana, au nord-ouest du Kenya. Réalisé par Toby Schmutzler et Kevin Schmutzler d’Allemagne, aux côtés des cinéastes kenyans Apuu Mourine et Vallentine Chelluget, le film suit une jeune fille kenyane de 13 ans qui rêve d’étudier à Nairobi. Mais lorsque son père échange son avenir contre du bétail dans le cadre d’un mariage arrangé, Nawi se retrouve piégée, jusqu’à ce qu’elle décide de se défendre.
Bien que le mariage d’enfants soit illégal au Kenya, il reste un défi important pour de nombreuses jeunes filles, avec plus de 4 millions de cas signalés, selon l’UNICEF. Le réalisateur Kevin Schmutzler a souligné l’importance de présenter le film au public international, dans le but de sensibiliser les décideurs politiques et, en fin de compte, de changer des vies.
Ce n’est pas la première fois que des films africains sont présélectionnés pour le prix Tiantan au BJIFF. En 2018, Krotoa, un film sud-africain réalisé par Roberta Durrant, raconte l’histoire d’une jeune femme khoi qui sert d’interprète à l’administrateur colonial néerlandais dans l’Afrique du Sud du XVIIe siècle. En 2021, Philippe Lacôte a réalisé La nuit des rois, un film sur un détenu de la prison de la MACA en Côte d’Ivoire qui doit raconter une histoire pour divertir ses codétenus jusqu’à l’aube.
Moviegoers line up to enter the cinema during the Chinese New Year Festival in Beijing, China, February 16, 2025. [Photo: VCG]
Et il ne s’agit pas seulement du trophée. En concourant pour le prix Tiantan au BJIFF, les films ont la possibilité d’atteindre le public chinois, qui est réceptif aux diverses perspectives internationales. Selon des études, bien que les films africains aient commencé à être diffusés en Chine dès les années 1950, le nombre de films africains projetés dans les salles de cinéma chinoises reste relativement faible. Par conséquent, les festivals de cinéma tels que le BJIFF sont devenus des plateformes essentielles pour permettre au public chinois de découvrir les films africains et de mieux comprendre leur riche diversité culturelle et artistique. Les films africains ont ainsi une occasion en or d’être vus et entendus sur le deuxième marché mondial du box-office, qui compte 90 000 écrans cette année.
En parallèle, le BJIFF a lancé une série d’initiatives visant à encourager la collaboration internationale dans le domaine du cinéma. Parmi les exemples notables, citons l’International Lounge, un forum de partage d’idées qui réunit d’éminents sélectionneurs de films issus des principaux festivals mondiaux. Pour les cinéastes, il s’agit à la fois d’un lieu de réseautage et d’une classe de maître, puisqu’ils peuvent présenter leurs projets directement à ces célèbres sélectionneurs. Parmi les invités attendus cette année figurent Paolo Bertolin, membre du comité de sélection du Festival international du film de Venise, et Giovanna Fulvi, programmatrice principale au Festival international du film de Toronto.
Pour célébrer le 130e anniversaire du cinéma, le BJIFF a sélectionné neuf films influents qui ont contribué à façonner l’industrie. La sélection comprend A Trick of the Light, un hommage aux frères allemands Skladanowsky, inventeurs d’un premier projecteur de film, The Last Picture Show, une œuvre révolutionnaire du réalisateur américain Peter Bogdanovich, et The Purple Rose of Cairo, reconnu comme l’un des « 100 meilleurs films de tous les temps » par le magazine « Time ». L’un des films chinois sélectionnés est Long Day’s Journey Into Night du réalisateur Bi Gan, décrit comme une expérience 3D techniquement magistrale et innovante.
Pour les cinéphiles, le BJIFF de cette année n’est pas seulement une occasion de regarder des films, c’est aussi une occasion d’en faire l’expérience. Le Bureau municipal de la culture et du tourisme de Pékin a mis en place 12 itinéraires thématiques dans le cadre de l’initiative « China Travel with Chinese Films », invitant les cinéphiles et les touristes à explorer les lieux réels qui se cachent derrière les histoires. Ces itinéraires vont de la nostalgie des films classiques le long de l’axe central de Pékin aux visites des coulisses des lieux de tournage à Huairou, en passant par l’exploration des parcs industriels et même par des parcours romantiques le long de la Grande Muraille. C’est une façon créative de combiner le cinéma et les visites touristiques, et un témoignage du fait qu’à Pékin, la magie des films ne s’arrête pas au moment du générique.
Au cours de la saison du BJIFF, les cultures se rencontrent, les histoires relient les gens et le cinéma mondial a l’occasion de briller. Que vous soyez cinéaste, cinéphile ou simplement amateur de pop-corn, le BJIFF prouve que la narration transcende les frontières et parfois même les règles du temps et de l’espace.